Lettre d'adieu de Gilbert LE TAILLANDIER
écrite de la maison d'arrêt de Fresnes dans la Seine




Gilbert LE TAILLANDIER

LE TAILLANDIER Gilbert, François, Marie
Né le 15 septembre 1923 à Châtelaudren (Côtes-du-Nord, Côtes d'Armor), fusillé le 15 juin 1944 à Paris 15e, étudiant, FTP.

Fresnes, le 15 juin 1944,

Ma chère petite maman,

C'est la dernière lettre que je t'envoie, ma chère petite maman. Sois courageuse pour le restant de ta vie. Je vais rejoindre mon papa et mon petit frère au ciel, peut-être. Je savais déjà que c'était fini, mais je ne voulais pas te le dire de suite. Tu recevras sans doute ma valise avec toutes mes petites affaires. Garde-les en souvenir de moi si tu peux.

C'est malheureux quand même de mourir à 20 ans. Puisque c'est mon destin, autant y aller. D'ailleurs, je suis courageux jusqu'à la fin, sois courageuse aussi ma maman chérie. Je n'ai pas eu de chance dans ma vie, ici-bas tu vois. Ce n'est pas la peine que tu travailles pour moi maintenant. Repose toi pour la fin de ta vie.

Je suis fier de mourir pour mon pays, ma chère petite maman. Tu pourras dire à tous les gens de Châtelaudren que je suis tombé en soldat. Fais dire une messe pour moi. Je serai certainement plus heureux au ciel.

Adieu, ma chère petite maman chérie. Ne pleure pas quand tu liras cette petite lettre. Garde là en souvenir de ton petit Gilbert qui t'aimait pourtant.



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